Dans le cadre d’une enquête en ligne représentative effectuée au début de 2020, le service comparatif en ligne indépendant moneyland.ch a voulu savoir à quel point un certain nombre de biens et services pertinents leur paraissait cher ou non.
En tout, 1500 personnes âgées entre 18 et 74 ans en Suisse alémanique et en Suisse romande ont été interrogées à propos de ce qu’elles pensaient de 42 biens et services différents proposés en Suisse. Les sondés ont chaque fois indiqué s’ils considéraient ces biens et services comme étant beaucoup trop chers, trop chers, moyennement chers, juste assez chers, bon marché ou très bon marché.
Résultat: «La population suisse considère la plupart des biens et des services en Suisse comme étant chers en dépit du niveau de vie élevé», observe Benjamin Manz, le directeur du service comparatif en ligne moneyland.ch. «Durant la récession attendue à la suite de la crise du coronavirus, la perception différente des prix en fonction des prestations pourrait jouer un rôle encore plus important», ajoute-t-il.
Vous trouvez ici un graphique interactif de l’estimation des prix pour toutes les prestations soumises au sondage.
La sensibilité envers les prix diffère en fonction de l’âge et du domicile
Pour la plupart des biens et des services, seule une minorité de la population suisse juge leur prix approprié, voire même bon marché. En Suisse romande, c’est encore davantage le cas: «Les Romands considèrent les prix des produits et des services comme plus chers que les Alémaniques», observe Daniel Dreier, expert chez moneyland.ch. On constate aussi des différences en fonction de l’âge: il est intéressant d’observer que les Suisses plus âgés perçoivent les prix des biens helvétiques comme plus chers que ce n’est le cas chez les personnes plus jeunes.
Les caisses maladie, les dentistes et les taxis sont trop chers
Les caisses maladie s’en sortent le plus mal. Ainsi, 76% de la population perçoit les primes des caisses maladie comme étant trop chères, voire même beaucoup trop chères. Viennent ensuite les dentistes (74% des sondés les considèrent comme trop chers), les taxis (74%), l’itinérance (69%), les CFF (65%), les médicaments (65%), les loyers (61%), les hôtels en Suisse (61%), les impôts (59%), les hôpitaux (58%) et les abonnements de téléphonie mobile (58%).
Les hypothèques et les vols sont perçus comme particulièrement bon marché
Dans l’appréciation subjective de la population, les hypothèques sont perçues comme les meilleur marché: 17% des personnes interrogées les considèrent comme étant bon marché à très bon marché.
Viennent ensuite les vols (13%), les écoles pour les enfants (12%), l’électronique en général (10%), l’alcool (8%), l’élimination des déchets (8%), l’électricité (7%), les vêtements (6%), Uber (6%) et les cotisations sociales comme l’AVS (6%). Même pour ces prestations, il y a nettement plus de personnes qui les considèrent comme étant bon marché ou qui jugent leur prix tout à fait adéquat.
Gastronomie et alimentation
Les restaurants sont perçus comme trop chers par 43% des sondés. En revanche, seules 29% des personnes interrogées considèrent que les denrées alimentaires sont trop chères. La vie nocturne (clubs et bars) est perçue aussi comme étant trop chère par 43% de la population – voire même par une proportion de 56% si l’on ne prend en considération que les personnes qui fréquentent les clubs et les bars. L’alcool en tant que tel n’est en revanche perçu comme trop cher que par 24% des sondés.
«La gastronomie, qui est particulièrement affectée par la crise, pourrait avoir particulièrement de difficultés à rebondir après la réouverture», redoute Daniel Dreier. Cela d’autant plus que la restauration est perçue par beaucoup de Suissesses et de Suisses comme chère à très chère, soit davantage que les prix des denrées alimentaires et de l’alcool proposés dans les commerces suisses. Beaucoup de gens ont davantage cuisiné à la maison ces derniers temps et ils ont ainsi pu économiser beaucoup d’argent. «La crise du coronavirus pourrait conduire à une plus grande consolidation dans l’offre de bars, de clubs et de restaurants», estime Daniel Dreier.
Voyages et transports publics
Les hôtels en Suisse sont encore considérés comme étant trop chers par 61% des personnes interrogées, alors que seulement 1% des sondés perçoivent les hôtels en Suisse comme bon marché. Il ne s’agit pas des meilleures conditions en vue de la reprise tant espérée pour le tourisme à l’intérieur du pays.
La population a un avis tout aussi négatif à propos des tarifs des CFF. Les Chemins de fer fédéraux suisses sont perçus par 65% des sondés comme étant trop chers, alors seuls 9% d’entre eux considèrent les prix des CFF comme juste assez chers et 3% comme bon marché. S’agissant des transports publics régionaux, l’évaluation de la situation est à peine plus positive: 54% des sondés considèrent leurs tarifs comme étant trop chers, 11% comme étant juste assez chers alors que 3% les jugent bon marché.
Les prix du transport aérien sont perçus comme nettement meilleur marché: 33% des personnes interrogées considèrent les vols comme étant encore trop chers, 18% trouvent les prix des vols comme juste assez chers tandis que 13% les considèrent comme étant bon marché à très bon marché.
Voitures, essence, taxis et Uber
Les prix d’achat de voitures en Suisse sont perçus comme trop élevés par 40% des sondés, alors que 13% les considèrent comme étant juste assez chers et seulement 4% comme bon marché. Les prix de l’essence sont jugés chers par 41% des personnes interrogées, alors que 15% les jugent juste assez chers et 5% comme bon marché. Les valeurs sont similaires pour les assurances auto qui apparaissent trop chères aux yeux de 42% des sondés.
La comparaison des tarifs des taxis avec ceux d’Uber est intéressante. Les services proposés par les taxis font partie des prestations qui sont perçues comme étant particulièrement chères. 74% des sondés jugent les taxis suisses comme étant trop chers, alors que seuls 1% d’entre eux les considèrent comme bon marché. Tout à l’inverse d’Uber: 6% de la population considèrent leurs prestations comme bon marché, alors que seulement 14% des sondés les jugent chères.
Etant donné que beaucoup de Suisses ne recourent pas encore à Uber, on obtient encore des valeurs plus favorables lorsque l’on ne prend en considération que les utilisateurs d’Uber: 25% d’entre eux estiment que leurs tarifs sont juste corrects, 13% les jugent bon marché et seulement 30% des sondés les perçoivent comme trop chers.
Télécoms
L’itinérance – à savoir l’utilisation des téléphones portables via les réseaux de téléphonie mobile à l’étranger – est considérée comme trop chère par 69% de la population. La situation n’apparaît pas beaucoup plus favorable pour les abonnements de téléphonie mobile en Suisse: pour 58% des personnes interrogées, ceux-ci sont trop chers, alors que cette part n’atteint que 53% pour les appareils de téléphonie mobile eux-mêmes. Malgré tout, beaucoup de sondés ne changent pas leurs abonnements de téléphonie mobile. Internet est considéré comme un peu meilleur marché: 40% des sondés jugent les prix pour l’accès à Internet comme trop chers, 19% comme étant juste assez chers alors que 4% les jugent comme bon marché.
Logement
Les loyers d’habitation constituent un sujet de préoccupation important: 61% de la population les considèrent comme trop chers. De même, l’immobilier est aussi jugé comme trop cher par 55% des sondés. La situation se présente sous un meilleur jour pour les meubles et équipements: seuls 27% des sondés les considèrent comme étant trop chers, alors que 22% d’entre eux jugent leur prix juste correct et 4% comme bon marché.
De même, l’électricité est jugée comme trop chère par seulement 27% des sondés, 27% l’estime comme étant juste assez chère alors que 7% la jugent bon marché. Des valeurs similaires sont obtenues pour l’élimination des déchets: pour 27% des sondés, les coûts qui s’y rapportent sont trop élevés, alors que 35% d’entre eux jugent leur prix juste correct et 8% comme trop bon marché. Autre aspect intéressant: les artisans sont perçus comme trop chers par seulement 25% de la population.
Banques et crédits
Les comptes bancaires sont considérés comme étant trop chers par 37% de la population. En revanche, les hypothèques sont perçus comme les moins chères parmi toutes les prestations abordées par le sondage: seule une part de 16% de la population les considère comme étant trop chères, tandis que 17% des sondés les jugent bon marché. Quand on prend en considération seulement les preneurs d’hypothèques, plus de la moitié d’entre eux, soit 53%, sont d’avis que les hypothèques sont bon marché ou que leur prix est juste correct.
Les taux d’intérêt des crédits privés et du leasing automobile sont nettement plus élevés que ceux des hypothèques. Cela se reflète aussi dans le questionnaire. En effet, 49% des preneurs de crédit considèrent les crédits privés comme trop chers, alors que cette part s’élève à 45% chez les clients qui recourent au leasing.
Impôts et prélèvements
Une majorité de la population, soit 59% des personnes interrogées, considère que les impôts en Suisse sont trop élevés. Ils ont une appréciation similaire au sujet de la redevance prélevée par Serafe (auparavant Billag) qui est considérée comme trop chère par 54% des sondés. Quant aux prélèvements sociaux tels que l’AVS, seuls 26% des sondés les considèrent comme trop chers, alors que 31% d’entre eux les trouvent juste corrects et 6% les jugent même peu élevés. De même, la Poste est aussi perçue comme relativement bon marché: seuls 29% des sondés jugent ses prestations comme étant trop chères, 33% considèrent leur prix comme juste correct et alors que 5% les jugent bon marché.
Santé
Le système suisse de santé a la réputation d’être de bonne qualité – mais cher également. Cela se vérifie aussi dans ce sondage. 76% des sondés jugent les caisses maladie comme trop chères – une valeur de pointe d’un point de vue négatif. La situation n’est pas vraiment meilleure à propos des dentistes qui sont considérés comme trop chers par 74% des sondés, tout comme c’est le cas pour 65% des médicaments. De même, les hôpitaux sont jugés trop chers par 58% des sondés, alors que ce n’est le cas «que» pour 45% d’entre eux s’agissant des médecins de famille.
Ecole
Les dépenses pour l’école des enfants sont considérées comme juste assez chères par 23% des sondés, alors que 12% les jugent bon marché et 15% comme étant trop chères. Les crèches sont en revanche perçues comme significativement plus chères: 28% de la population – ou 51% lorsqu’il s’agit des utilisateurs des structures d’accueil – considèrent les crèches comme trop chères.
Habillement, coiffeur et électronique
Le coiffeur est considéré par 35% des personnes interrogées comme trop cher, alors que 23% des sondés jugent leur prix juste assez chers et 5% comme bon marché. Les femmes considèrent les coiffeurs comme significativement plus chers que les hommes – ce qui n’est pas étonnant compte tenu des tarifs plus élevés pratiqués pour les femmes dans les salons de coiffure.
L’habillement est perçu par 27% des sondés comme trop cher, 21% jugent les vêtements comme juste assez chers et 6% comme bon marché. Il en va de même pour les appareils électroniques en général: ceux-ci apparaissent trop chers aux yeux de 27% des sondés, alors que leur prix est considéré comme juste assez cher par 26% des personnes interrogées et même comme bon marché par 10% des sondés.