Disney, Tiktok et Sky rattrapent fortement leur retard

La Suisse est un marché lucratif pour les fournisseurs de services de streaming. Presque toutes les grandes plateformes qui proposent des vidéos sont parvenues à augmenter leur nombre d’utilisateurs l’an dernier, comme le montre une étude moneyland.ch. Dans le cadre d’une enquête en ligne représentative, 89% des 1500 personnes qui ont participé à ce sondage ont indiqué qu’elles utilisaient au moins un service de streaming de vidéos. Le nombre d’utilisatrices et d’utilisateurs de services de streaming continue d’augmenter légèrement même si les effets de la pandémie, qui avait fortement profité à ces prestataires, ont commencé de s’atténuer l’an dernier.

Presque tout le monde regarde Youtube

La plateforme de diffusion de vidéos qui est de loin la plus populaire en Suisse est Youtube: en effet, quatre Suisses sur cinq regardent des vidéos diffusées par la filiale de Google. «La popularité de Youtube tient sans doute avant tout au fait que cette plateforme est gratuite», explique Ralf Beyeler de moneyland.ch. «Presque personne en Suisse n’utilise l’offre payante de Youtube», observe-t-il. Seuls 4% des personnes interrogées paient pour avoir accès à Youtube Premium.

En ce qui concerne les fournisseurs de services de streaming payants, Netflix reste le leader de la branche en parvenant à conserver une énorme avance: 58% des personnes sondées indiquent utiliser Netflix. La société est suivie par Disney Plus avec une part de 22%.

Les rivaux de Netflix progressent

La comparaison avec l’année précédente (voir le tableau 1) montre que Disney Plus mais aussi surtout les offres de streaming proposées par Sky ont énormément progressé l’an dernier. Disney Plus a vu son nombre d'utilisateurs passer de 13 à 22%. Cela représente une augmentation d’environ 70%. Sky Show est même presque parvenu à doubler son nombre d’utilisateurs. De même, la plateforme du réseau social Tiktok est à nouveau beaucoup plus utilisée pour le streaming de vidéos en 2022 qu’un an auparavant.

«Les petits prestataires sur le marché disposent encore d’un plus grand potentiel de croissance», fait remarquer Ralf Beyeler. En effet, ils ont encore un plus grand nombre de clientes et de clients potentiels. En outre, un service de streaming déjà très répandu tel que Netflix aurait besoin d’acquérir beaucoup plus de nouveaux clients par rapport à la concurrence afin de pouvoir augmenter son nombre d'utilisateurs de 1%.

Malgré tout, Netflix est parvenu à augmenter sensiblement son nombre d'utilisateurs en Suisse, qui est passé de 54 à 58% - soit une hausse de près de 10%. Le fournisseur devrait s’en réjouir, d'autant plus qu’il a récemment dû annoncer pour la première fois une évolution négative du nombre de ses utilisateurs à travers le monde et indiquer s’attendre à un nouveau recul. «Les clientes et les clients suisses ne sont certainement pas un facteur d’inquiétude pour Netflix actuellement», déclare Ralf Beyeler.

Tableau 1: Nombre d’utilisateurs de services de streaming de vidéos

*Twitch n’a pas fait partie de l’étude sur le streaming en 2021.

Apple stagne

Apple TV Plus est le seul fournisseur de services de streaming relativement important pour lequel le nombre d’utilisateurs n'a pas augmenté l'année dernière en Suisse. En effet, 11% des personnes interrogées indiquent utiliser ce service. L’an précédent, la part de ces utilisateurs était d’environ 12%. C’est pourquoi Amazon Prime Video est parvenu à dépasser le service de streaming d’Apple en en ce qui concerne la Suisse.

En 2021, Apple TV Plus comptait encore légèrement plus d’utilisateurs que la plateforme vidéo d’Amazon. «Apparemment, l’offre d'Apple n'est pas aussi bien accueillie que celle de la concurrence – et cela malgré le fait qu’Apple compte parmi les prestataires les moins chers en Suisse», explique Ralf Beyeler à ce sujet. Selon l’expert, une explication pourrait être qu’Apple TV Plus propose significativement moins de films, de séries et de documentaires que la concurrence.

2,5 millions d’abonnements Netflix

Le sondage ne montre pas seulement combien de personnes en Suisse utilisent les différents services de streaming existants mais aussi combien d'entre elles paient pour ces services (voir le tableau 2). Ici aussi, Netflix se place en tête: 40% des personnes interrogées indiquent qu'elles paient elles-mêmes un abonnement. Pour Disney Plus, cette part atteint 13%, tandis que Amazon Prime Video vient ensuite avec une proportion de 7%.

En général, les fournisseurs de services de streaming n’indiquent pas de chiffres d'abonnements séparément pour la Suisse. Les résultats de l'enquête fournissent toutefois une indication sur le nombre d'utilisateurs payants effectifs des différents prestataires. Ainsi, il devrait y avoir actuellement 2,5 millions d'abonnements à Netflix en Suisse. Pour Disney Plus, le nombre de clients payants s'élève aux environs de 830'000.

Tableau 2: Clientes et clients payants

Les jeunes regardent des vidéos en streaming, les vieux paient

Le streaming plaît particulièrement aux jeunes Suisses. Les plateformes telles que Youtube, Netflix, Tiktok, Disney Plus et Twitch sont encore davantage appréciées par les personnes interrogées âgées de 18 à 25 ans que par les clients plus âgés. Amazon Prime Video, Swisscom Blue Sport et Google Play sont en revanche légèrement plus utilisés par les personnes faisant partie de la tranche d'âge allant de 26 à 49 ans. Les personnes âgées entre 50 et 74 ans utilisent certes aussi des services de streaming mais en partie beaucoup moins souvent.

Certes, les personnes plus âgées recourent moins au streaming. Toutefois, lorsqu’elles le font, elles sont dans de nombreux cas un peu plus disposées à payer pour ce service. Par exemple, presque toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans qui regardent Sky Show paient elles-mêmes un abonnement. «Les personnes âgées peuvent plus facilement se permettre de payer un abonnement et permettent ainsi probablement à des personnes plus jeunes de leur parenté ou à des connaissances d'y avoir accès», suppose Ralf Beyeler.

Le leader de la branche constitue toutefois justement une exception à cet égard: non seulement les jeunes regardent beaucoup plus souvent Netflix que les personnes des autres classes d'âge mais les personnes âgées entre 18 et 25 ans sont également un peu plus disposées à payer pour ce service.

Un «Röstigraben» existe aussi dans le monde du streaming

La part des personnes qui utilisent des services de streaming et qui paient pour en bénéficier est un peu plus faible en Suisse romande qu’en Suisse alémanique. Les Suisses alémaniques sont notamment plus enclins à payer pour les offres de Sky. Sky Sports et Sky Show sont également plus populaires en Suisse alémanique qu’en Suisse romande. En revanche, Amazon Prime Video est un peu plus répandu en Suisse romande et la part de clients payants y est aussi plus importante qu’en Suisse alémanique. De même, Netflix et Tiktok sont également légèrement plus souvent regardés en Suisse romande que de l’autre côté de la barrière de rösti.

Tableau 3: Nombre d’utilisateurs selon les régions

Peu de gens paient plusieurs abonnements

Les fournisseurs de services de streaming payants veulent séduire les clients en leur proposant des contenus exclusifs. Les prestataires qui veulent mettre Netflix au défi espèrent ainsi prendre des clientes et des clients au géant du streaming - ou du moins convaincre ces clients de souscrire à un deuxième abonnement. L'évaluation des cinq services de streaming classiques que sont Netflix, Disney Plus, Amazon Prime Video, Apple TV Plus et Sky Show montre toutefois que peu de Suissesses et de Suisses ont souscrit à plusieurs abonnements payants: en effet, 29% des personnes interrogées ne paient que pour un seul des cinq services de streaming cités, alors que 11% des sondés le font pour deux services et 3% pour trois. Presque personne ne paie pour quatre abonnements ou plus.

Les services de streaming sportif n’occupent qu’une position de niche

Outre les services de streaming classiques qui proposent à la fois des films, des séries et des documentaires, il existe également des services qui diffusent exclusivement des rencontres sportives en direct. Toutefois, bien que ces prestataires dépensent des sommes importantes pour obtenir les droits sportifs nécessaires, ces services demeurent nettement moins populaires que les plateformes qui diffusent des films et des séries: seuls 17% des personnes interrogées utilisent au moins un des trois services de streaming sportif.

Le service de streaming sportif de Swisscom, appelé Blue Sport, est le plus populaire d’entre eux: 11% des Suissesses et des Suisses déclarent utiliser cette offre. Viennent ensuite Sky Sports et Swisscom Blue Sport avec une part de 10% chacun. Ces trois services sont parvenus à progresser par rapport à l'année précédente mais ils comptent toujours relativement peu de clients. Seule une minorité d’utilisatrices et d’utilisateurs paie pour plusieurs services de sport en streaming: moins de 3% des personnes sondées indiquent qu’elles paient pour deux abonnements sportifs et seuls deux des 1500 personnes interrogées paient même pour les trois services.

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