Au cours des dernières années, de nombreuses banques suisses ont élargi leur palette de produits de placement dans le cadre du pilier 3a et les ont promus activement. Cela s’applique aussi bien pour les fonds de prévoyance classiques, qui font l'objet de la présente étude, que pour les nouvelles applications de prévoyance, qui ont fait l’objet d’une analyse par moneyland.ch dans son étude du 26 octobre 2022. Malgré la popularité croissante de ces applications, une grande partie de la fortune de prévoyance du pilier 3a est toutefois encore investie dans des fonds de prévoyance classiques. moneyland.ch a analysé ci-après les principaux fonds de prévoyance en termes de coûts et de performance.
Les fonds de prévoyance coûtent plus de 1% par an
«Les coûts totaux devraient faire l’objet d'une attention toute particulière lors du choix d’un fonds de prévoyance approprié», souligne Felix Oeschger, analyste chez moneyland.ch. Pour évaluer dans quelle mesure les investisseurs sont amenés à passer à la caisse, moneyland.ch a examiné quels sont les coûts totaux de 81 fonds de prévoyance. Les coûts des produits des différents fonds passée en revue sont généralement exprimés à l’aide de ce que l’on appelle le ratio du total des frais sur encours, ou Total Expense Ratio (TER) en anglais.
Cette désignation est toutefois trompeuse car d'autres frais supplémentaires viennent fréquemment encore s’ajouter au TER. C’est pourquoi, moneyland.ch prend en compte dans le calcul des frais totaux calculés également les éventuels frais d'émission, de dépôt (droits de garde) ainsi que les frais forfaitaires et de rachat – en plus du TER lui-même.
Résultat de l’analyse: en moyenne, les frais totaux des fonds de prévoyance examinés s'élèvent à 1,09% par an. On constate toutefois des écarts de coûts marqués entre les différents fonds.
Pour un placement de 100’000 francs sur 10 ans, les frais totaux correspondant au fonds le plus cher s’élèvent à 17’000 francs - ce qui correspond à une charge de frais annuelle de 1,7%. Parmi les fonds qui investissent dans des actions ou des obligations, les coûts totaux pour le fonds en actions le moins cher se limitent en revanche à 3500 francs, soit 0,35% par an.
Des fonds de prévoyance passifs moins onéreux
Ces dernières années, de nombreux fonds de prévoyance gérés de manière passive sont apparus sur le marché - des fonds qui comportent souvent une part d’actions élevée. Le coût annuel total des fonds gérés de façon active s'élève en moyenne à 1,17%, contre 0,65% seulement par an pour les fonds qui sont gérés passivement.
Dès lors, le constat selon lequel les fonds gérés passivement génèrent en moyenne de meilleures performances que ceux qui sont gérés activement s’est déjà imposé depuis longtemps en dehors du pilier 3a. En particulier lorsqu’il s’agit d’un horizon de placement à long terme, les fonds qui pratiquent une gestion active ne parviennent que rarement à battre le marché. «Les fonds de prévoyance passifs sont en principe à privilégier - même dans le cadre du troisième pilier», conclut Felix Oeschger.
Quel rôle joue la performance?
Hormis l’aspect des coûts totaux, moneyland.ch a également comparé la performance réalisée par les 81 fonds de prévoyance passés en revue. Les éventuels coûts du TER ont été pris en compte dans le calcul (mais pas les autres coûts tels que les frais de dépôt et d’émission). La performance a été calculée à chaque fois jusqu'à fin septembre 2022 et en effectuant le calcul pour l'année écoulée (de fin septembre 2021 à fin septembre 2022) ainsi que pour les trois, cinq et dix dernières années.
La performance historique ne doit toutefois pas être surestimée lors du choix du fonds de prévoyance adéquat. En effet, même si un fonds a réalisé une bonne performance par le passé, cela ne signifie pas qu'il sera nécessairement performant à l’avenir. «La seule chose sur laquelle on peut compter, c’est que les frais prélevés réduisent la performance», explique Benjamin Manz, directeur de moneyland.ch.
Des performances négatives depuis un an
Les fonds de prévoyance suisses n'ont pas échappé à la mauvaise situation des marchés. Depuis le début de l’année, tant les actions que les obligations ont subi des pertes de cours massives. Etant donné que les fonds de prévoyance suisses sont composés en moyenne à près de 90% de ces deux catégories d’actifs, les 81 fonds examinés ont tous affiché une performance négative au cours des douze derniers mois. A noter que les fonds dont la part d’actions et d’obligations est inférieure à la moyenne et qui investissent au lieu de cela un peu plus dans d’autres catégories de placement telles que l'immobilier ou le marché monétaire ont connu une baisse un peu moins forte.
Au cours de l'année écoulée (période allant de fin septembre 2021 à fin septembre 2022), les fonds examinés ont enregistré des pertes allant de 0,9% à 19,8%. Aussi bien d’après la moyenne que la médiane, la performance s’est établie à -13,6%. «Par conséquent, un fonds sur deux a subi des pertes de plus de 13%», explique Felix Oeschger de moneyland.ch.
A titre de comparaison, l'indice des actions suisses du SMI a chuté de 9,3% durant cette période et l’indice élargi Swiss Performance Index (SPI) a subi un recul de 12,5%. Le Swiss Bond Index (SBI), qui reflète l'évolution des cours sur le marché suisse des obligations, également important pour les fonds de prévoyance, a, lui, chuté de 11,8%.
Performance à moyen et long terme
Si l'on compare les performances des trois, cinq et dix dernières années, on constate que plus la durée de placement augmente, plus les fonds de prévoyance dotés d’une part en actions élevée se comportent bien par rapport à ceux qui n’en ont qu’une faible part. Cela s’explique par le fait que les actions sont plus performantes sur le long terme que les catégories de placement moins risquées et moins volatiles. Ainsi, les fonds de prévoyance incluant une part en actions élevée ont certes fortement souffert de la chute des cours boursiers cette année. «Historiquement, un portefeuille d'actions bien diversifié peut toutefois compenser les baisses à court terme par les gains obtenus sur le long terme», explique Felix Oeschger.
La performance sur trois ans des fonds de prévoyance étudiés a atteint en moyenne -3,1%, le plus mauvais fonds ayant chuté de 14,7% et le meilleur ayant progressé de 12,3%.
La performance sur cinq ans a été en moyenne de 1,7%, l'évolution des différents fonds variant entre -13,1% à +15,6%.
Sur une période de long terme de dix ans, la performance a évolué entre -9,8% et +54,5%. En moyenne, les fonds de prévoyance suisses ont augmenté de 23,4%, ce qui correspond à un rendement annuel d’un peu plus de 2,1%. A titre de comparaison, le SMI a augmenté de 117%, le SPI de 119% et le SBI a reculé de 1,4% durant cette période.
La raison principale pour laquelle les 81 fonds de prévoyance suisses analysés ont obtenu des résultats nettement moins bons que les indices suisses des actions sur 10 ans est la faible part d'actions qu’ils comportent. En moyenne, la part en actions est inférieure à 50%. De plus, la plupart des fonds de prévoyance dotés d’une part en actions élevée (70% ou plus) n’ont été lancés que ces dernières années. Ainsi, à peine la moitié des 81 fonds de prévoyance publient une performance sur 10 ans et aucun d'entre eux ne dispose d’une part en actions de 70% ou plus.
Trouver le fonds 3a adéquat en deux étapes
Première étape: les personnes qui investissent dans des fonds prévoyance devraient déterminer la part d'actions qu'ils souhaitent détenir. Sur de longues périodes, les actions réalisent de meilleures performances que les autres classes d'actifs, du moins d’un point de vue historique. Par conséquent, plus votre horizon de placement est long, plus la part d'actions peut être élevée. La règle de base qui s’applique est la suivante: pour un fonds uniquement investi en actions, la durée de placement doit être d’au moins dix ans. Les investisseuses et investisseurs qui ne parviennent pas bien à dormir en période de volatilité élevée ou qui n’ont qu’un horizon de placement très court d’une durée de quelques années devraient de manière générale maintenir leur part d'actions à un niveau bas.
Deuxième étape: après avoir déterminé la part d’actions souhaitée, les investisseuses et les investisseurs devraient choisir un fonds de prévoyance le moins cher possible comportant la part d'actions qu’ils souhaitent détenir. Ou ils peuvent répartir leur fortune 3a dans la proportion souhaitée – entre un fonds en actions pur et un compte d'épargne 3a prudent mais qui offre le taux d'intérêt le plus élevé possible.
Exemple: si la part en actions souhaitée est de 50%, les investisseuses et les investisseurs peuvent placer la moitié de leur fortune 3a dans un fonds de prévoyance bon marché axé sur les actions, doté d’une part en actions d’au moins 90%. Ils peuvent déposer la deuxième moitié de leur placement dans un compte d'épargne 3a offrant un taux d'intérêt aussi élevé que possible. Lors du choix d’un fonds, les investisseuses et les investisseurs devraient surtout tenir compte des coûts et non de la performance passée. Au lieu d’opter pour un fonds de prévoyance, ils peuvent bien sûr aussi investir avec une application de prévoyance peu coûteuse - ces applications sont souvent encore nettement moins chères que les fonds classiques.
Méthodologie
moneyland.ch a analysé 81 fonds de prévoyance suisses classiques en termes de coûts, de conditions et de rendements. A la différence des applications de prévoyance, il s’agit toujours de fonds avec ISIN.
Les coûts totaux ont été calculés à l'aide d'un modèle de calcul pour un montant d'investissement annuel constant de 100’000 francs. Hypothèse utilisée: au début, l'investisseur achète des parts de fonds puis, après 10 ans, il les revend. Les coûts totaux comprennent, outre le TER, des frais de dépôt, d'émission, de rachat ainsi que les frais forfaitaires.
La performance est calculée en supposant que le montant brut des distributions des revenus et/ou des gains en capital est immédiatement réinvesti dans le fonds de prévoyance, et cela sans aucune déduction (c'est-à-dire sans commissions, ni taxes et impôts, à l’exemple de l’impôt anticipé fédéral) (approche dite «Total Return»).
Toutes les indications concernant les frais et celles de performance ont été fournies par les prestataires (situation: octobre 2022). Les frais TER sont déjà déduits de la performance mais ce n’est pas le cas pour les frais de dépôt, d'émission, de rachat et les frais forfaitaires.
Le ratio TER inclut les frais courants. Les frais de dépôt, d'émission, de rachat et les frais forfaitaires ne sont pas compris dans le TER (mais ils sont inclus dans les frais totaux). Lorsque le TER KGAST ou le TER synthétique est disponible, cette donnée est indiquée. L'indicateur TER est calculé ex post.
Informations supplémentaires :
Les résultats détaillés sous forme de tableau (PDF)
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Les coûts des applications de prévoyance
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