moneyland.ch a demandé à 1500 Suissesses et Suisses ce qu’ils feraient avec un million de francs qui leur aurait été offert. La question était formulé comme suit: «Supposons que vous receviez un million de francs. Dans quelle mesure est-il probable que vous utilisiez le million reçu ou une partie de celui-ci pour les usages suivants?» Les sondés devaient ensuite indiquer à quel point différents usages étaient probables sur une échelle allant de 1 (pas du tout probable) à 10 (très probable).
Résultat: les Suissesses et les Suisses sont plutôt prudents, même s’ils devaient recevoir soudainement une grande somme d’argent. La majorité d’entre eux placeraient cet argent de manière conservatrice. En fonction des régions, du genre, de la fortune et de l’âge, on observe des différences intéressantes. «Ainsi, les femmes seraient plus disposées à redistribuer l’argent ou à faire des dons que les hommes. Les habitants de Suisse romande le redistribueraient davantage que les personnes habitant en Suisse alémanique», observe Benjamin Manz, le directeur de moneyland.ch.
Les comptes d’épargne sont les plus populaires, le bitcoin est le moins populaire
La population suisse choisirait avec le plus de probabilité de placer le million reçu ou une partie de ce montant sur un compte d’épargne: 64% des personnes interrogées considèrent ce scénario comme étant plutôt à très vraisemblable (cela correspond aux notes allant de 7 à 10). Suivent ensuite d’autres usages comme le dépenser pour «l’achat d’un appartement ou d’une maison» (56%), «pour des voyages» (50%), l’utiliser «pour travailler moins» (44%), «le dépenser pour bien manger» (42%) et «investir dans la prévoyance volontaire (3a)» (39%).
D’autres usages de cet argent sont moyennement populaires comme le «dépenser pour une nouvelle voiture» (35% considèrent un tel usage comme probable), le «dépenser pour louer un nouvel appartement» (32%), «en faire don» (29%), l’«offrir» (29%) et le «placer dans l’or» (26%).
D’autres scénarios pour utiliser cet argent sont moins appréciés comme pour «ne plus travailler du tout» (24% considèrent cet usage comme vraisemblable), «placer dans des fonds de placement actifs» (23%), «investir dans des assurances-vie» (21%), «placer dans des obligations» (20%), «déposer l’argent dans des coffres-forts ou des coffres de la banque» (20%), le «dépenser pour du luxe en général» (15%), «investir dans des ETF (Exchange Traded Funds)» (12%) et finalement pour «investir dans des crypto-monnaies (comme le Bitcoin)» (8%).
Les Suissesses et les Suisses ont une aversion au risque, ce qui s’observe aussi dans le sondage. L’usage le plus probable d’un million de francs reçu serait de le placer prudemment sur un compte d’épargne», observe Benjamin Manz. Faire des placements risqués dans des crypto-monnaies comme le Bitcoin est en revanche l’usage le moins apprécié.
Röstigraben: la Suisse alémanique est plus pingre que la Suisse romande
Il est aussi intéressant d’observer les différences parfois importantes qui existent entre la Suisse alémanique et la Suisse romande, où un véritable Röstigraben peut être dénoté en fonction des usages.
Ainsi, seuls 11% des Suisses romands jugent probable de dépenser le million reçu en partie ou entièrement pour du luxe en général, alors que 17% des Alémaniques envisageraient de le faire. Des différences s’observent aussi pour les usages «acheter de l’immobilier» (69% en Suisse romande, 50% en Suisse alémanique), «investir dans l’or» (31% en Suisse romande, 23% en Suisse alémanique) ou «déposer l’argent dans un coffre-fort (27% en Suisse romande, 17% en Suisse alémanique).
«De manière générale, les Romands sont plus prêts que les Alémaniques à renoncer à travailler après avoir reçu une telle manne d’argent», constate Silvan Wehrli, analyste chez moneyland.ch. Ainsi, 55% des Romands considèrent comme probable de travailler moins grâce au million reçu, alors que ce serait le cas de seulement 38% chez les Alémaniques. 34% des Romands jugent même probable de ne plus travailler du tout grâce au million obtenu, alors que seuls 19% des Alémaniques le feraient.
En outre, la population en Suisse romande semble aussi être plus généreuse: ainsi, 35% des Romands considèrent comme probable de faire don au moins en partie du million reçu, alors que cette part n’atteint que 26% en Suisse alémanique. 46% des Romands jugent même probable de redistribuer à d’autres au moins une partie du million obtenu, alors que seuls 20% des Alémaniques envisagent d’agir de la sorte.
Les femmes sont plus généreuses que les hommes
Entre les sexes, on constate aussi des différences même si celles-ci ne sont pas aussi significatives que celles constatées entre la Suisse alémanique et romande. En matière de placements, les femmes ont une attitude plus conservatrice que les hommes: ainsi, les actions sont moins appréciées par les femmes. En revanche, les comptes d’épargne sont beaucoup plus populaires chez les femmes: 71% d’entre elles considèrent comme probables de placer le million reçu au moins en partie sur un compte d’épargne, alors que seuls 57% des hommes envisagent de le faire.
«En outre, les femmes se montrent plus généreuses que les hommes», observe Silvan Wehrli. 33% d’entre elles considèrent comme probable de faire don au moins en partie de l’argent reçu ou de le redistribuer, alors que seuls 25% des hommes envisagent de le faire. D’autres usages tels que «louer ou acheter un nouveau bien immobilier», «voyager» ou «dépenser l’argent pour une nouvelle voiture» sont davantage populaires chez les femmes.
Seule une minorité de jeunes travailleraient moins avec un million
En fonction des catégories d’âge, des différences significatives sont constatées. Ainsi, 75% des 18 à 25 ans considèrent comme probable de placer au moins en partie cet argent sur un compte d’épargne. Chez les 26 à 49 ans, seuls 68% des sondés envisageraient de le faire, tandis que cette part n’atteint plus que 55% chez les 50 à 74 ans.
A l’inverse, les placements dans l’or, les fonds de placement actifs, les obligations et même les crypto-monnaies gagnent en popularité au fur et à mesure que l’âge augmente, lorsqu’on interroge les sondés à propos des possibilités d’utiliser le million reçu. En revanche, la catégorie d’âge la plus jeune se montre un peu plus généreuse: 36% d’entre eux jugent probable de faire don au moins en partie du million reçu, alors que cette part n’atteint que 28% chez les personnes faisant partie des deux tranches d’âge plus élevées.
Les possibilités d’utiliser le million «pour bien manger», «pour louer un nouvel appartement» et le «dépenser pour du luxe en général» sont plus populaires chez les jeunes qu’auprès des catégories plus âgées. S’agissant du travail, la majorité des jeunes sondés se montrent réaliste dans une certaine mesure: seuls 27% des 18 à 25 ans indiquent qu’ils travailleraient probablement moins grâce au million obtenu. Chez les 26 à 49 ans, cette part atteint 48% alors qu’elle s’élève à 46% chez les 50 à 74 ans. Ne plus travailler du tout apparaît comme étant le scénario le plus probable pour 13% des sondés les plus jeunes, alors que c’est le cas de 19% parmi les 26 à 49 ans et pour 34% des 50 à 74 ans.
Les riches investiraient de manière plus risquée mais feraient moins de dons
En fonction de la situation financière des sondés, des différences apparaissent aussi quant à la manière avec laquelle le million reçu serait utilisé. Ainsi, l’option consistant à placer au moins en partie l’argent sur un compte d’épargne devient moins populaire au fur et à mesure que la fortune augmente et tandis qu’un placement en actions gagne au contraire en popularité. Dans le groupe des sondés les plus pauvres disposant d’une fortune allant jusqu’à 20'000 francs, 70% d’entre eux considèrent comme probable de placer l’argent reçu sur un compte d’épargne, alors que seuls 25% d’entre eux envisageraient d’effectuer un placement en actions. S’agissant des millionnaires, 64% des sondés considèrent un placement en actions comme probable, alors que seuls 45% d’entre eux envisageraient de placer l’argent sur un compte d’épargne.
«La richesse ne rend pas plus généreux, lorsqu’il s’agit d’utiliser le million reçu. Au contraire», constate Benjamin Manz. Ainsi, les sondés les plus riches auraient une probabilité moins élevée que les plus pauvres de faire don de l’argent reçu ou de le redistribuer.
Différences entre la ville et la campagne
Les différences entre la ville et la campagne sont moins prononcées. La population qui réside à la campagne est, de manière générale, plus conservatrice que celle des villes lorsqu’il s’agit d’utiliser le million reçu. Ainsi, les placements dans des investissements plus risqués sont un peu moins probables à la campagne. En revanche, la population habitant à la campagne estime plus probable de dépenser l’argent pour acheter une nouvelle voiture (41% à la campagne contre 33% dans les villes).
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